Marcho que teño que marchar

1.02.15 - Aéroport Marseille Provence, départ pour Salamanque 

« Au commencement, [...] la terre était chaotique et vide. » Et à la fin également, pour mon cas du moins. Éternelle procrastinatrice, je suis du genre à détester faire mes valises. Pourtant, c'est le sort qui m'est destiné dès que je pose l’œil (et le pied) sur une nouvelle destination, soit chaque dix mois, lors de la traditionnelle rentrée académique. Mes amis parlent de moi comme une baroudeuse, une nomade ; je me vois plutôt comme une indécise, ou plutôt une touche-à-tout. J'ai longtemps cru que je détestais l'endroit où je suis née et j'ai grandi: Marseille, puis je pensais que je ne m'y sentais pas à ma place, mais en réalité, aujourd'hui je me suis rendue compte que je me sens mieux ailleurs, tout simplement. En Galice - là où j'étudie actuellement - ils s'amusent à dire Marcho que teño que marchar (littéralement: j'y vais parce que je dois y aller), et je trouve ça perspicace. Sans explication farfelue, si je pars, c'est parce que je sais, ou mieux: je sens que je dois partir. En réalité, cette expression relève avant tout de l'omniprésente ironie du parler galicien (ce n'est pas qu'un stéréotype, méfiez-vous!). Durant les derniers mois, les galiciens m'ont souvent demandé ce que je faisais à Saint-Jacques de Compostelle: je l'avoue, c'est quand même particulier de venir à l'aveuglette faire ses études de manière tout à fait autonome dans le fin fond du nord ouest de la péninsule. Et j'ai pris l'habitude de leur répondre: pourquoi pas? C'en est devenu un leitmotiv qui me colle à la peau. Et lorsque je déciderai que le vent (ou mon CV/compte en banque, redescendons sur terre) devra me porter ailleurs, je répondrais aux messages whatsapp de mes amis: Márchome amigo, que teño que marchar.

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