Sempre en Compostela

Praza Quintana de Mortos

Parcourir les rues de Saint-Jacques s'apparente à entrer dans un labyrinthe, à la seule différence que vous y trouverez la sortie facilement, au bout d'une rúa ou d'une praza, en tombant en prime nez à nez sur une cathédrale, un couvent ou une autre merveille tout droit sortie d'un conte médiéval. 

Vous voulez jouer le jeu? Laissez-vous guider par la discontinuité harmonieuse des pierres qui bâtissent la ville, les odeurs de fruit de mer à l'heure du repas - oubliez les 12:00 pétantes, vous aurez été prévenus, on conserve la couleur locale -, les mélodies jaillissantes des gaitas blotties au coin des rues ou encore les innombrables flèches jaunes peintes à même les façades, vers lesquelles se dirige instinctivement le regard du pèlerin ; mais détachez-vous des noms de rues, gravés en galicien sur les plaques de roche.

Poussez la flânerie jusqu'au bout et vos pieds, hypnotisés par l'ardeur imperceptible que dégage le vieux centre, vous entraîneront jusqu'aux quelques espaces verts qui bordent la ville - à vos risques et périls, halte à ceux qui ne sont pas friands de miradors aux vues panoramiques.

Faites preuve de patience: à l'heure où le soleil partagera ses derniers rayons avant de se nicher sous l'horizon, la cathédrale de la praza do Obradoiro dévoilera ses plus belles courbes, profondes et obscures, en se superposant au camaïeu ocre et cuivré du coucher de soleil, que les galiciens apprécient 60 minutes de plus que leurs voisins péninsulaires. À partir de là, le reste n'est que fougue et furie, les festivités débutent mais vous laissent décider de l'heure de fin (s'il y en a une). 

En somme, Saint-Jacques n'est que poésie, et ce seulement si vous arrivez à saisir l'effervescence à la fois ardente et lyrique qui plane dans l'air. Au beau matin, la rosée fraîche - jouons sur les euphémismes -  accompagne le réveil de ceux qui peuplent la belle Santiago, non pas comme un phœnix qui renaît de ses cendres mais comme celui d'une vieille cité qui s'impose encore comme la ville-phare de cette envoûtante région qu'est la Galice.